Sofiane Pamart à la Salle Pleyel

Sofiane Pamart à la Salle Pleyel : une invitation au voyage6 min de lecture

par Taha

Sofiane Pamart était en concert à la Salle Pleyel ce vendredi 18 février, une semaine tout pile après la sortie de son deuxième album solo : LETTER. Un spectacle aussi envoûtant que dépaysant.

Du casque au concert

Les concerts s’étaient faits rares ces deux dernières années… Mais quand j’ai entendu dire que Sofiane Pamart se produisait à Paris, je n’ai pas hésité une seule minute : il fallait que j’aille voir, ou plutôt entendre, ça de mes propres yeux, et oreilles ! Sofiane Pamart est un artiste dont je vous parlais déjà en 2020, et dont la musique n’a eu de cesse de m’accompagner : que ce soit au travail, pour dessiner, travailler, ou en soirée cocooning à la maison, son album Planet, puis la réédition Gold, ont certainement été de ceux que j’ai le plus écoutés ces derniers temps.

 

 

Je n’avais jamais fait de concert à la Salle Pleyel. Et quel cadre ! Rénové en 2016, le bâtiment conserve son écrin Art Déco, et son architecture impressionne dès l’arrivée, avec une façade tout de bleu éclairée. À l’intérieur, la sensation reste la même : les halls sont superbes, les dorures, moulures et fers forgés sont sublimes, et le plafond de la salle semble vertigineusement haut. Cerise sur le gâteau, nous étions vraiment bien placés, au cinquième rang. Une fois assis, nous découvrons chacun-e une enveloppe noire sur notre siège : une lettre. Notre invitation au voyage.

La musique, narrée

Assis, nous sommes toutes et tous impatients. C’était pour ma part le premier concert depuis… Peut-être bien le début de la pandémie. Face à nous, trône au centre de la scène un Bechstein à queue noir laqué, immaculé. Au-dessus, le visage stylisé de Sofiane Pamart nous observe, comme sur la couverture de son dernier opus LETTER. Mais cette fois-ci, il a des lasers à la place des yeux. À peine plongés dans le noir, le tableau s’illumine, et révèle une scénographie qui sera léchée tout au long du concert. Puis, du silence une voix s’élève, et nous invite dans ce qui s’annonce être une expérience émotionnelle et sensorielle, un voyage. Ça commence. Direction Le Caire.

Sofiane Pamart à la Salle Pleyel

Sofiane fait son entrée sur ce même fond sonore, dans un long manteau de cuir noir, et s’installe sous une salve d’applaudissements. Autour de lui, des néons peignent un décor aussi envoûtant que beau, tandis que le piano se met à vrombir : des graves aux aigus, qui s’enchaînent et se complètent, l’acoustique est superbe, et chaque note est impressionnante de détail. Je dois avouer que j’ai été frappé de sa dextérité, de sa maîtrise et de la force qui émane de sa musique. Écouter un album ne révèle qu’une partie du génie d’un artiste. D’autant plus que les morceaux qu’il joue semblent être encore plus complexes que les versions album. Ou peut-être est-ce mon cerveau qui me joue des tours, ébahi devant ses doigts qui semblent flotter sur le clavier. J’aimerais vraiment insister sur ce point : sa maîtrise m’a absolument époustouflé. J’étais comme hypnotisé.

Un parenthèse hors du temps

Pamart est maître de scène. Et il ne s’agit pas d’un concerto classique, mais d’un vrai show. Finalement, même s’il m’a semblé que le tempo des premiers morceaux était plus élevé que dans mes souvenirs, je me suis laissé porter par ces mélodies que j’avais l’impression de connaître par cœur. Elles, qui m’ont accompagné dans tant de nuits, tant de journées, tant de trajets, tant d’immobilisme, et tant d’humeurs que de pensées… Les compositions se suivent et s’enchaînent. Le tableau change. Les lumières scintillent, tournent… Autant de couleurs, d’impressions et de sensations que seule l’atmosphère d’une salle de concert retransmet. De courtes interludes vocales nous informent des étapes du voyage : après avoir commencé au pied des Pyramides, direction le Japon, la Corée… Sofiane assure.

Sofiane et Lina Pamart à la Salle Pleyel

Puis, il est rejoint par sa sœur, Lina, violoniste depuis semble-t-il toujours et diplomate de métier, pour quelques morceaux. Superbement interprétés, tous aussi intenses que beaux, ils conquièrent le public, qui se laisse aller à des salves d’applaudissements à la fin de chaque morceau. Je vois des têtes se poser sur l’épaule voisine, se mouvoir tendrement de gauche à droite, des yeux fermés, des mains se serrer par-dessus les accoudoirs… Lina et Sofiane Pamart avaient promis un voyage. Et nous sommes en plein dedans. Au moment de quitter la scène, elle reçoit une ovation amplement méritée. Le public avait-il besoin de cette échappée belle ? Moi, oui.

Des finales. Oui, des.

Sofiane se change une fois, puis une seconde. Planet Gold, LETTER et ses nombreuses collaborations foisonnent de compositions. Il enchaîne les morceaux, tandis que le public, moi le premier, est plongé dans ce qui semble être une admiration sans limites. Les notes les plus élevées chantent, les plus basses grondent, les transitions entre les unes et les autres sont superbes, impressionnantes de fluidité, de sensibilité, d’intelligence et de beauté. Mes mots sont extrêmement élogieux parce que j’ai passé un moment absolument incroyable. Et je suis le premier à dire qu’il faut absolument louer les réussites autant que se peut. Enfin, il faut reconnaître ce qui est : j’ai eu bien plus que ce que j’avais en tête, à mon arrivée. À l’approche de la finale, Sofiane nous fait signe qu’il ne reste qu’une chanson. Un de mes titres préférés, j’en ai des frissons.

Sofiane Pamart à la Salle Pleyel

Quand résonne la dernière note, celle qui annonce la fin du concert, celle qui vous laisse un arrière-goût amer, standing ovation. Qui dure, dure, dure. Sofiane semble être humble, et remercie le public, où qu’il soit : par-terre, dans les balcons sur les côtés, ou tout au sommet. Comme s’il voulait remercier chaque personne présente d’avoir été là, ce soir, dans son public. Car après tout, comme le dit la tracklist de son album LETTER, « Dear Public, Your Love Saved Me From Solitude Forever. Sincerely, Sofiane« . Une déclaration aussi touchante qu’inspirante.

 

 

Puis vient le rappel, qui n’a pas semblé assouvir la soif de l’audience, qui applaudit encore et encore. Je crois bien qu’il s’agit de la première fois que je vois un second rappel. Quelqu’un dans le public crie « Encore ! On peut passer la nuit ici !« , la salle rit, et… C’est vrai. Je n’en ai pas assez.

Merci

C’est peut-être bête à dire, mais merci Sofiane pour ta/votre musique, et pour le superbe moment. J’écoute LETTER en écrivant ces mots, et je me fais une réflexion : je ne suis pas sûr que sa musique me quitte de si tôt, que ce soit dans ou hors les murs. Et j’aimerais aussi remercier Lina, non seulement pour ses interprétations sur scène, mais également pour sa gentillesse et sa disponibilité après le concert. Merci pour ce moment, dont nous semblions toutes et tous avoir besoin.

Sofiane Pamart joue à guichets fermés, et se produira à Paris le 17 novembre 2022 à Bercy. Et en attendant, il a autant de compositions solo que de collaborations, avec Médine, Scylla, Zola, SCH, Kimberose, Da Uzi, Bon Entendeur, NTO, et tant d’autres. De quoi vous régaler. Vous l’aurez compris, je ne peux que vous encourager, encore une fois, à aller le voir en concert.

 

 

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