Sam Fender : un premier essai mature et sans artifice5 min de lecture

Sam Fender : un premier essai mature et sans artifice5 min de lecture

par Jennifer

Le debut album de Sam Fender, Hypersonic Missiles, est un bijou d’éclectisme qui nous a séduit chez Dust of Music !

Il est la nouvelle révélation de rock britannique et a été encensé d’un British Critic’s Choice Award en février dernier. Au BBC Sound of 2018, il a été annoncé à l’image de Lewis Capaldi, Sigrid ou encore Khalid comme l’un des artistes les plus prometteurs. Son album est l’un des plus attendus de cette rentrée, et nous avions pu entendre quelques extraits lors de sa prestation très appréciée à Rock en Seine cet été. On vous parle aujourd’hui de Sam Fender et de son premier album  Hypersonic Missiles, reflet d’une société moderne, de sa jeunesse et de ses fléaux.

Genèse

Sam Fender est un jeune artiste de 25 ans originaire d’une petite bourgade près de la ville de Newscastle au Royaume-Uni. Issu d’une famille de musiciens, Sam a été découvert alors qu’il jouait dans le pub local dans lequel il travaillait également. Ce n’est autre que le manager de Ben Howard qui y prenait une bière ce soir-là, qui décide de prendre sous son aile le jeune chanteur. Et on l’en remercie ! Son premier album très attendu, Hypersonic Missiles, est sorti la semaine dernière et fut précédé d’excellents titres à l’image du titre éponyme, That Sound, Will We Talk? ou encore Dead Boys, chanson qui lui a valu une certaine reconnaissance. 

Hypersonic Missiles

Hypersonic Missiles est un premier essai très prometteur pour Sam Fender qui présente une belle maturité musicale et parolière. L’opus se fait rock à différentes sauces avec notamment quelques titres inspirés du rock 80s, genre caractérisé par des instrumentalisations riches à base de guitares éthérées et de lignes de synthétiseurs (The Borders, Will We Talk?, You’re Not The Only One). On remarque la belle utilisation du saxophone qui, on doit l’avouer, se prête très bien au jeu. L’artiste nous propose également des chansons légèrement plus pop dont les potentiels tubesques justifient leur sortie en amont de l’essai final (Hypersonic Missiles, That Sound). Enfin, il nous étonne sur des compositions plus assombries, ce qui démontre un large choix d’atmosphères sur lesquelles l’artiste aime plancher (White Privilege, Play God, Dead Boys, Leave Fast, Use). Tous ces ingrédients font d’Hypersonic Missiles un joli éclectisme musical !

Outre l’aspect musical, le jeune artiste nous impressionne aussi sur son écriture. A l’image d’autres artistes, Sam Fender dessine le portrait de notre société actuelle et dénonce ses nombreux fléaux : les conflits, le capitalisme, les violences domestiques (The Borders), le suicide (Dead Boys) ainsi que la pression sociale, et la domination des politiciens (White Privilege)… Pas très fun tout ça. Mais ce qui est intéressant c’est que Sam ne joue d’aucune prétention et décrit les choses telles qu’il les ressent et les perçoit.  Cette faculté provient notamment du fait que l’artiste a été exposé à certaines de ces problématiques, ce qui le rend plus sensible et conscient. Le principal exemple de cet opus n’est autre que Dead Boys, l’un des tubes de l’album sorti en amont, qui cache une triste histoire. Ce titre fait écho à plusieurs amis de l’artiste qui se sont donné la mort dans sa ville natale, ce qui a terriblement affecté l’artiste et permis son écriture afin d’interpeller sur ce danger : “Cela m’a vraiment ouvert les yeux sur à quel point c’est un problème. Si une personne écoute cette chanson et ressent le besoin de parler à quelqu’un, alors c’est que ça a fait du bon boulot. » (Interview de Sam Fender pour NME en octobre 2018). Dans une autre chanson, White Privilege, Sam nous démontre à nouveau cette écriture accessible et pourtant dénonciatrice : « Don’t even know why they’re famous, But God, they’re so entertaining. I wanna copy what you eat, how you look, who you fuck, wanna be anybody but me. » (Je ne sais pas pourquoi ils sont connus, mais bon Dieu ils sont tellement divertissants. Je veux copier ce que tu manges, comment tu t’habilles, avec qui tu couches, être n’importe qui excepté moi). Et au final, le fait de raconter très simplement toutes ces choses offre des paroles riches et complexes qui, soutenues par des mélodies plutôt cathartiques et purgatives, forme une jolie contradiction qu’on aime écouter. 

Ce qui est saisissant aussi chez Fender, c’est sa voix, qui nous fait penser à Brandon Flowers de The Killers ou encore Jeff Buckley à certains moments. Celle-ci peut se montrer très puissante sur des chansons plus dures comme That Sound ou Play God, et délicate sur titres plus doux à l’image de Leave Fast, qui est l’un des plus beaux de l’opus.

En conclusion, Hypersonic Missiles est un album cohérent qu’on consomme très facilement et qu’on a envie d’écouter en boucle. Pour un premier opus, Sam Fender met la barre haute avec des chansons aux instrumentalisations élaborées, qui marquent le retour des bands à guitares et seront délicieuses à écouter en live.

Parmi ces 13 titres, je retiendrai personnellement The Borders qui m’a conquis, l’hymne pop-rock That Sound, ainsi que la ballade Leave Fast inspirée par la ville de Sam Fender, North Shields. Le dernier titre de l’album qui est un enregistrement live de la chanson Use, a marqué également mon esprit grâce aux vocalises puissantes et subtiles de Fender. Mais il va sans dire que l’opus entier est un bel exercice qui annonce que du bon pour ce jeune artiste qui est indéniablement l’une des nouvelles figures du rock britannique.

Sam Fender sera en concert à La Maroquinerie le 15 novembre 2019.

Note : 4,5/5

Tracklist

Hypersonic Missiles
The Borders
Whit Privilege
Dead Boys
You’re Not The Only One
Play God
That Sound
Saturday
Will We Talk?
Two People
Call Me Lover
Leave Fast
Use – live

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