Comme vous avez pu le constater ces derniers mois, le contenu de Dust of Music s’est fait de plus en plus rare. Les articles étaient moins diversifiés, leur contenu moins qualitatif, moins réguliers et les réseaux sociaux abandonnés. J’ai essayé de faire de mon mieux pour que cela se remarque le moins possible mais après quelques semaines, il est devenu impossible de le cacher. La raison de ce ralentissement n’a rien à avoir avec une baisse de passion pour ce blog et ses sujets. Certaines personnes de mon entourage ont parlé d’un burn-out mais je ne sais pas réellement si ça été le cas pour moi. Je me suis tout de même posé la question après avoir lu l’article de ma copine Victoria sur son burn-out, dans lequel je me suis énormément reconnue.
J’ai eu besoin de temps. Le temps est une chose qui peut sembler simple, mais qui peut s’avérer difficile à acquérir selon la vie de chaque personne. Je ne vais parler que de mon cas, et de pourquoi j’ai eu besoin de temps pour finalement donner vie à cet article. Article que j’ai voulu rédiger pour expliquer aux lecteurs les plus assidus quelles sont les raisons qui m’ont poussées à prendre mes distances avec le monde virtuel, que cela soit avec mes comptes personnels ou professionnels. Il est important pour moi d’être totalement transparente avant de me relancer de nouveau dans cette aventure que j’aime tant.
Une première expérience trop jeune
Avant toute chose, il faut savoir que j’ai toujours eu des sortes de journaux intimes ou des blogs en ligne, et ce depuis mon plus jeune âge. À 13 ans seulement j’ouvrais mon premier vrai blog, sur une plateforme que tout le monde connait de près ou de loin, Skyblog. Certains diront que c’est un peu jeune pour commencer une « vie » virtuelle, mais au début d’internet et des plateformes comme celle-ci, l’état d’esprit n’était pas tout à fait le même. Durant cette période, je parlais déjà sur mon blog de musique. J’y racontais mes journées à attendre les concerts avec mes amis, avec bien trop de détails personnels, je faisais des live reports, mais aussi des playlists dans lesquelles je partageais mes goûts de l’époque. Ayant acquis une petite notoriété, aussi jeune, j’ai eu peur, pour être honnête. Les messages étaient de plus en plus malveillants, et j’ai décidé de le supprimer du jour au lendemain.
Je suis trop passionnée
J‘ai toujours aimé écrire, raconter des histoires ou mettre en mots les choses qui me passionnent. Mais j’ai un vrai problème. Je suis TROP passionnée. En étant beaucoup trop dans la passion, je ne prends quasiment jamais de recul et je fonce toujours tête la première quand on me propose de nouveaux projets, juste parce qu’ils me plaisent. En agissant de cette manière, qui est trop impulsive, j’ai tendance à me perdre dans mon organisation et à paniquer facilement quand je dois me concentrer sur une seule chose à la fois. Mon cerveau est en constante réflexion. Il cherche toujours de nouvelles idées, veut toujours trouver LA chose qui fera de chaque nouveau projet quelque chose de spécial. Une fois l’idée en tête, il en trouve une autre, et c’est un perpétuel recommencement.
Malheureusement, il n’y a pas que le problème du trop plein d’idées d’un seul coup. Je pourrais dire de manière plus simple qu’il est impossible pour moi de faire une seule chose à la fois. Je m’éparpille un peu partout en commençant plein de nouvelles choses sans jamais les terminer. J’ai toujours eu cette difficulté, que ça soit à l’école, en voulant apprendre des dizaines de leçons en même temps ou bien encore aujourd’hui, en ne terminant jamais complètement un livre. Ce sont des choses qui peuvent sembler banales. Mais quand vous avez environ une quarantaine de livres sur votre table de nuit, qui attendent d’être terminés depuis des années, il faut quand même le prendre en compte, d’une certaine façon. En sachant qu’il n’y a pas qu’avec les livres que je rencontre ce problème, mais avec un bien trop grand nombre d’éléments.
Avec le temps, j’ai compris que tous ces petits détails de ma vie se manifestaient premièrement grâce (ou à cause de ?) la passion et du problème que j’ai à la contrôler. Mais pas seulement…
Manque de confiance et imposture
Autre souci, je n’ai pas confiance en ma personne, et très rarement en celle des autres. C’est pourquoi j’aime m’occuper moi même des choses pour ne pas être déçue du travail d’autrui. Il m’arrive de demander de l’aide, comme sur Dust of Music, où le travail de mes amis m’est précieux. J’ai du mal à laisser d’autres personnes s’occuper de mes projets, bien que j’aime avoir l’avis des personnes dont je suis le plus proche. Plusieurs fois, mes amis m’ont conseillé d’agrandir l’équipe du blog, afin de m’aider à diminuer ma charge mentale, au vu de l’ampleur du travail que je voulais réaliser. Je me suis rapidement rendue compte qu’il en était hors de question, si je n’étais pas en charge de choisir la personne la plus à-même de faire ce que je voulais. Enfin, bien que consciente que j’ai parfois besoin parfois d’aide, je fais le contraire, et j’ai même pris une nouvelle décision pour la reprise « officielle » du blog, bien que risquée pour mon propre bien personnel.
S‘ajoute à cela une difficulté dont je souffre : le syndrome de l’imposteur. Comme je l’ai expliqué plus haut, je n’ai pas beaucoup confiance en moi. J’ai toujours besoin d’être rassurée quant à mon travail, mes projets, mais aussi sur qui je suis personnellement. Quand je propose quelque chose, qu’une personne m’en propose une autre, que des choses formidables m’arrivent, j’ai l’impression de ne pas les mériter. Je vais avoir tendance à me sentir fière de moi pendant quelques minutes, avec un trop plein de confiance, voire d’arrogance je l’avoue, pour que la chute soit d’autant plus rapide et compliquée à gérer émotionnellement. Quand ça m’arrive, j’ai besoin de semaines entières pour m’en remettre. Ça m’épuise non seulement mentalement, mais aussi physiquement. Je vais passer des journées entières à être fatiguée sans pouvoir avoir l’esprit clair, tandis que mes nuits sont agitées, sans sommeil et remplies d’insomnies. Attention, je parle de ça, mais il faut bien comprendre que ce n’est pas le blog mais qui me donne ce genre de réaction, mais ma façon de gérer mes émotions. Comme ces émotions variées sont perpétuellement présentes dans mon esprit, elles le sont aussi pendant mon processus de création. Certaines personnes comprendront ce syndrome, d’autres non, mais j’avais envie d’aborder ce sujet qui je pense, est important.
Le perfectionnisme et la comparaison
Certains traits de ma personnalité sont beaucoup plus présents que la moyenne, s’il devait y en avoir une. Par exemple, je suis perfectionniste. Nous le sommes tous quand on regarde bien. La plupart des humains aiment faire les choses bien et comme ils le souhaitent. C’est dans la nature de tous. Pour mon cas, je le suis à l’extrême. Je n’arrive jamais à me dire qu’une chose, que j’ai pu faire ou créer, est comme elle doit être, de manière positive. Je vais changer d’avis toutes les heures, sans jamais trouver le juste milieu, que ce soit vis-à-vis de ma perception de la perfection. Il m’arrive de m’en arracher les cheveux et de me mettre dans des états pitoyables à cause de ça. Pour les personnes qui viennent sur Dust of Music, vous pouvez l’avoir compris. Entre les changements de styles du blog durant les années, cela se ressent au travers du template modifié très souvent, des logos et les bannières qui se renouvellent beaucoup trop, ou encore des différentes mises en page des articles au courant des années. Pour moi, le plus flagrant est la catégorisation des articles, que je modifie au moins une fois par an. Et je vous assure que je lutte contre moi-même pour ne pas le faire plus souvent. Encore une fois, le fait de ne pas réussir à contrôler mes idées et mes sentiments jouent un rôle très important dans ces changements, et cette recherche de perfectionnisme à l’extrême. Ne pouvant pas décider quant à certains aspects de ma vie comme il se doit, je le fais sur d’autres choses. C’est pour cela que je m’implique à fond ici, et que je vais me torturer au maximum pour avoir le rendu que je veux, même si ça doit me ronger pendant un long moment.
Il m’arrive aussi de comparer mon travail avec celui des autres, voir s’il est aussi bon que d’autres personnes tenant des blogs, avec une équipe ou en solo. J’éprouve souvent de l’admiration pour les personnes qui arrivent à faire ressortir leur personnalité à travers leur blog, mais également de la jalousie. En comparant ce que je fais avec ce que font les autres, mon syndrome de l’imposteur se manifeste de nouveau. J’ai maintenant appris à ne plus le faire, sauf de temps en temps (chassez le naturel, il revient au galop, dit-on) et à parcourir le monde virtuel de manière saine, sans me comparer. C’est un travail de tous les jours, comme tous les autres sujets dont je parle ci-dessus, épuisant certes, mais qui au fur et à mesure porte ses fruits. Et ce de manière définitive, je l’espère.
Un isolement volontaire et une pression permanente
Il m’est souvent arrivé de m’isoler, volontairement, de ma vraie vie. Ne voulant plus voir mes proches, ne plus sortir, ni ne rien faire avec des personnes du monde virtuel ou réel. Pour d’autres raisons plus complexes et personnelles, dont le sujet n’est pas à traiter ici, mais aussi pour pouvoir travailler sur mes articles. J’ai compris que cet isolement était en partie à cause de la pression que je me mets à moi-même pour sortir mes articles, en temps et en heure, mais aussi à cause des médias.
Quand on a un blog ou autre plateforme, nous sommes souvent en contact avec des personnes voulant faire la promotion de leurs produits, artistes, entreprises et bien d’autres. Ayant un média musical, il m’arrive de recevoir un très grand nombre de mails par jour, voire par heure, de professionnels de la musique. Je prends plaisir à échanger avec eux, même si très souvent, cela rappelle mon syndrome de l’imposteur en première ligne. Malgré ça, certains d’entre eux n’hésitent pas à mettre la pression pour parler de leurs artistes, sans regarder votre travail et les sujets dont vous parlez. Il m’est arrivé d’avoir de grosses crises d’angoisse en voyant que j’avais reçu des dizaines de mails par jour de mêmes personnes voulant absolument que j’interviewe des artistes dont ils font la promotion, ou d’écouter leurs albums en priorité. Si seulement il n’y avait que ça…
Parfois, certains manque de respect en ne prenant même pas le temps de mettre des formules de politesse dans leur messages, ni même de signer avec leur prénom en entier. Je sais très bien que de recevoir des propositions fait « partie du jeu » quand on est sur la toile, mais il y a l’art et la manière. C’est avec grand plaisir que je vais prendre plus de temps à répondre aux mails de personnes me respectant, qui ne mettent pas la pression avec des deadlines de moins de 48h, ou encore qui ne m’harcèlent pas de manière impolie, sans même prendre la peine de m’appeler par mon prénom. Parce que oui, il y a des humains derrière l’écran, et non pas des machines. Il pourra se passer des semaines durant lesquelles je ne vais pas ouvrir mes mails, ou même en lire l’objet, parce que je sais que certains d’entre eux vont me procurer des angoisses, ou créer en moi un trop-plein d’émotions négatives, quand ce que je recherche est de la reconnaissance et du partage. Ce n’est pas très professionnel de ma part, mais je ne le suis pas. Je suis simplement Jennifer, une (trop) passionnée qui aime partager avec les gens ses passions de manière sincère, et avec des professionnels respectueux.
Les réseaux sociaux, ce poison
Un autre problème, quand on a un média virtuel, c’est que nous sommes toute la journée sur nos écrans, pour la plupart d’entre nous. Quand ce n’est pas l’ordinateur pour écrire des articles, ce sont les applications pour mettre à jour nos stories, nos posts et discuter avec notre communauté. C’est un vrai plaisir de le faire, et je n’en ai que du positif à dire. Mais encore une fois, trop de pression. J’ai eu tendance à délaisser le naturel qui devait transparaître, et à ne plus poster sur les réseaux, car je me « prenais trop la tête » : comment le faire, pour qui et à quelle heure, pour toucher le plus de personnes possibles ? Ce n’était plus quelque chose qui me procurait du plaisir, que je faisais parce que j’avais envie de communiquer avec vous, lecteurs, amis et fans, mais parce que je le devais. Et pourquoi cela ? Pour être à jour dans mes posts. Cela commençait à m’obséder : vouloir toucher un maximum de monde, en postant des choses que eux aimeraient. Je l’ai aussi fait avec des articles, que l’on m’a demandé, sans avoir forcément envie de le faire.
Quand j’ai compris que mon comportement avec les réseaux sociaux ne pouvait pas continuer de cette façon néfaste, j’ai pris du recul. Je n’ai plus rien posté pendant des mois sur certains réseaux, ne voulant pas retomber dans cette triste boucle. J’ai également arrêté de répondre à des personnes mal intentionnées, et j’ai mis en place un système pour ne plus passer mes journées sur les écrans de mon ordinateur et de mon téléphone. De cette façon, j’ai réussi à revoir le côté positif des réseaux sociaux et prendre de nouveau plaisir à poster des choses de manière naturelle et le plus important, avec plaisir parce que j’avais envie de le faire !
Des événements personnels qui m’ont bouleversée
Parlons un peu plus personnellement de ce qui s’est passé dans ma vie, et qui a eu une grande importance dans ma pause avec Dust of Music. Il y a bientôt deux ans, j’ai subi une opération de chirurgie assez importante suite à des problèmes de santé. Les premiers mois suivant cet événement ont bouleversé ma vie, et l’ont radicalement transformée. Depuis, je suis sous traitement et très souvent épuisée. L’épuisement n’aidant pas pour le contrôle de mes propres émotions, il fallait bien qu’un jour, à force de tirer sur la corde, ça craque ! Je suis sûre que ce n’est pas anodin d’avoir fait cette pause durant cette période de ma vie personnelle. J’ai eu besoin de m’occuper de moi, de façon sincère, en ne pensant qu’à cela. Je me suis remise en question, d’une manière générale dans ma vie. Ajoutés à ça quelques chocs émotionnels et épreuves difficiles à vivre, comme celui du deuil. Ne sachant pas contrôler mon comportement quand il se passe des choses trop extrêmes dans ma vie, positives ou négatives, ces moments-là ne m’ont pas vraiment aidée. Je tiens à préciser que je suis suivie dans un cadre médical pour plusieurs choses différentes, et que si je me permets de parler de tous ces sujets, ce n’est pas pour faire joli, mais parce que je sais de quoi je parle et que cela peut m’aider personnellement.
Je pourrais encore écrire pendant des heures pour raconter d’autres détails qui font que j’ai eu besoin de cette pause, mais je pense que je peux être déjà fière de moi d’avoir réussi à parler de toutes ces choses personnelles de façon sincère, ici. Pour résumer, mon esprit est un trop plein d’émotions qui active ma créativité à n’importe quel moment de la journée. Accumulés avec des éléments très difficiles de ma vie personnelle, j’ai eu besoin de temps pour moi. Laissant un peu de côté Dust of Music sans jamais l’oublier. Je n’ai jamais eu envie d’abandonner, ou de ne plus m’occuper de ce projet que j’aime tellement. J’ai envie de travailler avec des personnes aussi passionnées que moi, et qui me respectent en tant qu’humain, que personne. Je vais aussi poster plus d’articles, plus variés, sans me mettre une pression quant à leur date de publication. Mes amis, qui m’aident au quotidien pour poster des articles et autres, seront toujours à mes côtés mais moins présents. J’ai envie d’avoir la fierté de tenir mon blog de façon plus personnelle, et de lui donner une tournure qui sera mienne.
J’ai juste eu besoin de temps. De temps dans ma vie, de temps pour moi, pour me retrouver et retrouver ma passion.
6 Commentaires
Bravo d’avoir eu le courage d’écrire ce long article ! Ce n’est pas facile d’être toujours au top dans cette société actuelle où l’on est, pour la plupart, beaucoup trop exigeant avec soi même… Je te souhaite un beau retour sur ton blog ! Prends bien soin de toi ! Et le plus important : écris ce qui te fait plaisir !
(PS : je crois que ce syndrome de l’imposteur, quand on bosse dans les médias, on peut difficilement y échapper. Je le ressens dès que je commence à rédiger un papier pour le journal pour lequel je bosse…)
Merci beaucoup Alexandra, ton commentaire me fait vraiment plaisir. Il est vrai que la société actuelle n’aide pas du tout pour le moral et le mental des gens. Pour le blog, je vais faire seulement des choses dont j’ai envie maintenant. J’entends plusieurs personnes me dire que ce syndrome les touches et principalement quand ils sont dans un métier « artistique ». Parfois ça me rassure de ne pas être seule. Puis je suis sure que tes papiers pour ton journal sont géniaux, nous en avons déjà parlé !
Ton article est très touchant. Je te souhaite une bonne continuation dans ton projet
Merci beaucoup pour ton commentaire 🙂
Avoir un blog c’est bien. Garder la santé c’est le plus important. Avant je me mettais une pression monumentale pour mon bloc, à essayer de garder un rythme constant pendant plusieurs années. Depuis j’ai appris à me distancer du blog. Si je ne publie pas autant qu’avant c’est déjà bien qu’il soit toujours en vie. Fais ce que tu peux quand tu le peux. La musique ne va pas s’effondrer et les maisons de disques et autres promoteurs d’artiste iront embêter d’autres gens. Et pour ce qui est du syndrome de l’imposture, rappelle toi que personne n’est plus légitime qu’une autre. Tu as autant ta place que n’importe qui et si tu as des lecteurs et des gens qui te contactent pour promouvoir un artiste c’est que tu fais de belles choses
Et tu as tellement raison ! J’espère y arriver et je pense pouvoir y arriver, sans me mettre la pression. On verra ce que le temps fera mais tant que ce blog me plait, je serais là et c’est déjà bien ! Merci pour ton gentil commentaire.