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Matahari de L’Impératrice, venus pour régner6 min de lecture

par Taha

L‘Impératrice est un groupe dont vous avez peut-être déjà entendu parler, et pour cause. Après de nombreux singles à succès, ils ont dévoilé leur premier album, Matahari. Un délice stellaire à découvrir.

Date de parution 02 mars 2018
Genre Indie Pop
Label microqlima
Titres (Durée) 11 (47:12 min)

L’Impératrice, un succès

L‘Impératrice, groupe hybride aux sons mêlant pop, indie et disco, n’en est pas à son coup d’essai. Connus de la scène musicale indépendante, c’est grâce à leur patte si distinctive qu’ils se sont forgé une réputation sans cesse grandissante, et qu’ils ont publié des singles à succès, les uns après les autres. Ainsi, Agitations Tropicales, Sonate Pacifique, Vanille Fraise… Autant de titres qui culminent tous à plusieurs millions de vues sur YouTube, et qui permettent à L’Impératrice de retentir au-delà de nos frontières françaises.

Mais le groupe n’existe pas seulement sur internet. Ils ont ainsi entamé plusieurs séries de concerts à succès aux quatre coins de la France, et s’est doté d’une véritable visibilité, notamment en collaborant avec Isaac Delusion sur le titre Dreaming of You, eux aussi au label microqlima. Infatigables, leurs musiques apportent un vent de fraîcheur, bienvenu en ce début de printemps. Accompagnée d’une esthétique délicate, douce, aux touches rétro, la musique de L’Impératrice ne demandait qu’à être décuplée. Et quoi de mieux pour ce faire qu’un album.

Matahari, figure et album

Mata Hari. Enfant, femme, danseuse, courtisane, prostituée, espionne… Femme forte aux mille facettes, Mata Hari n’a cessé d’éblouir, de soulever des questions, et de remettre en question. Figure du début du XIXème siècle, elle inspire. Œil du soleil, il semble ainsi naturel pour L’Impératrice de rendre hommage à cette icône pour son premier opus. Matahari, l’album donc, est une arrivée attendue de longue date sur la scène musicale.

Matahari, c’est le pinacle de L’Impératrice. C’est aussi cet album frais, inventif et léger qu’il nous manquait. Une ode au voyage comme nous en avons besoin, quelques mois avant l’été. Pour l’ouvrir, Là-Haut. Des synthés à la basse, en passant par la boîte à rythmes et aux échos, l’ambiance est à la déconnexion. La spatialisation, justement maîtrisée, nous plonge dans un univers que l’on se figure lunaire. Aux croisement de la synthwave et de la pop, Là-Haut annonce la couleur, et la hauteur. Parés au décollage ?

Le classique, et le nouveau

Déjà dotés de titres efficaces, L’Impératrice n’avait pas besoin de réinventer la roue pour se permettre un album réussi. Erreur 404 ouvre la voie. Ainsi, déjà publié, accompagné de son propre clip et de son esthétique, le titre nous invite dans cet univers où l’amour n’est pas plus une consommation rapide qu’une preuve de respect. Suivent donc une série de titres nouveaux. « Bon voyage, imbécile. »

Matahari est un album où rythmes et paroles occupent une part égale. Le titre éponyme suit, et nous invite à danser. Nous plongeons ainsi dans cette mélodie cyclique, semblant tout droit sortie des années 1980. Les quelques paroles ne sont là que pour habiller une piste qui se suffit à elle-même, et nous entraîne dans un univers jovial, où miroitent strass, boules à facettes, et vestes à paillettes aux épaulettes exagérées. Remixé, et allongé, Matahari (Le retour) est là pour tous ceux qui en redemandent encore, et n’ont pas l’intention d’arrêter de danser.

Une ode au voyage

Mi-rêve, mi-cauchemar, Paris inspire. Pour l’histoire qui y est rattachée, pour les amours et les souvenirs que nous y avons, parfois. Muse, Paris est cette ville multicolore, que L’Impératrice vit. Titre plus calme, il est à l’image de l’album. Une succession de titres dansants, de déclarations et de rêveries, comme on l’aime. Cet album est un voyage non seulement dans le temps, mais également dans l’espace, tant les influences diverses font appel aux mélodies que l’on peut se figurer venues d’un ailleurs solaire.

Pas de mirages sans évasion non plus. Vacances est pour moi un des titres phares de cet album. Les paroles se marient à la perfection aux rythmes, tandis qu’on ne rêve que de partir loin. Une évasion que l’on souhaiterait voir perdurer, tant les percussions semblent être les tambours d’un ailleurs où l’écume nous caresse lentement, face à un océan de bleu et de calme. Un titre revigorant que l’on joue encore et encore.

L‘espace occupe également une place importante dans cet album. Ma Starlight est un de ces titres dont les rythmes nous entêtent, aux influences définitivement rétro, et les paroles inspirées de jeux vidéos. « T’es mon Space Invader… » Enfin, mention spéciale pour Balade Fantôme. Titre fantasque, venu d’ailleurs, L’Impératrice signe un morceau absolument superbe, aux croisements de la narration et de la poésie. Les rythmes, toujours signés de leur patte et aux teintes disco, font écho aux clichés que nous aurions des communications extra-terrestres, tout droit issus des films sci-fi, tandis que les textes provoquent en nous un mélange d’anxiété et d’une douce quiétude.

Sensibilité et inhibition

Néanmoins, résumer l’album à une succession de titres dansants, aux influences diverses et à la patte nu-disco serait une erreur. Et cela à deux titres. Premièrement, et c’est probablement une lecture personnelle que j’en fais ici, je trouve une sensibilité sous-jacente aux textes particulière. Pour Erreur 404 et la personnalité qui s’en dégage, mais pour tous les autres titres, dont le fantasque Dreaming of You, et enfin Masques, que l’on pourrait croire inspiré d’une Lolita intemporelle, aux caprices affirmés. Enfin, Entre-deux est la balade que l’on attendait, tant nous sommes habitués à ce schéma.

Puis, serait-ce un effet volontaire ou une disposition de l’esprit, je lis dans cet album une forte revendication de l’autonomie, et de la sexualité que l’on voudrait affirmée. Une pensée que l’on pourrait retrouver dans les visuels que produit L’Impératrice, où les lectures à différents niveaux sont possibles à de nombreux endroits. Je vous laisse découvrir tout cela, et vous faire votre idée.

L‘Impératrice signe avec Matahari un premier album tout en beauté, qui remet au goût du jour, grâce à un habile remaniement, des styles que nous pensions disparus. Avec plusieurs concerts sold-out, et des dates annoncées pour 2019 déjà, je ne peux que vous recommander de suivre ce groupe, et d’écouter cet album, qui n’a pas quitté mon casque depuis sa parution.

Tracklist

Là-Haut
Erreur 404
Matahari
Paris
Vacances
Dreaming of You
Masques
Ma Starlight
Balade fantôme
Matahari (Le retour)
Entre-deux

 

Note : 4,5/5

Un album pop, disco, indépendant, hybride et sensible qui marque à coup sûr ce début d’année 2018, et qui fait déjà partie de mes favoris.

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