Interview avec Isaac Holman du groupe Slaves. De l’humour et de l’engagement !10 min de lecture

Interview avec Isaac Holman du groupe Slaves. De l’humour et de l’engagement !10 min de lecture

par Jennifer

La semaine dernière, le groupe britannique Slaves était de passage dans notre capitale pour faire la promotion de leur troisième album Acts of Fear And Love. J’ai eu la chance de pouvoir m’entretenir avec Isaac Holman, chanteur et batteur du duo punk. Admiratrice de Slaves depuis la première note, ça été un réel honneur de poser des questions musicales mais aussi plus personnelles pour en apprendre d’avantage sur eux et leur vision de la musique, ainsi que du monde, d’une manière générale. 

Je ne vous cache pas que pour cette première interview, le stress a bel et bien été présent. J’ai enfin osé, après des années, faire la démarque d’aller rencontrer des artistes que j’admire de façon professionnelle. Chose que je refusais pour des raisons totalement idiotes. Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé, de toutes les manières, pour que cet entretien se déroule de la meilleure façon possible. J’espère que le rendu va vous plaire et que cette première fois n’est que le début d’une longue et jolie histoire.

Jennifer : Félicitations pour votre nouvel album ! Nous sommes nous-mêmes à la rédaction, fans de votre musique, et c’est un véritable plaisir de te rencontrer !

Isaac : Merci beaucoup !

Jennifer : Pour commencer, votre dernier concert en France était au Download Festival, alors que vous étiez à Rock en Seine, deux ans auparavant. Beaucoup de choses se sont produits durant cette période, dont un nouvel album. Est-ce que tu as l’impression que les foules pour lesquelles vous jouez vous connaissent mieux vous et votre musique, et le message que vous essayez de transmettre, quand vous êtes sur scène ?

Isaac : Oui, absolument ! Au Download, c’était plein à craquer, tout le monde était venu nous voir jouer. C’était un moment particulièrement spécial pour nous, sachant que nous étions à l’étranger, cela signifiait beaucoup pour nous, notamment que nous étions parvenus à un nouveau stade, dans notre carrière, d’une certaine manière.

Jennifer : Et comment ont réagi vos publics et les critiques à votre nouvel album ?

Isaac : Les réactions ont vraiment été positives. Nous avons joué lors de nos concerts de nouveaux morceaux, et avons invité des gens du public à nous rejoindre sur scène, pour faire la danse de Cut and Run. Nous sommes vraiment sur une belle lancée, et nous en sommes particulièrement fiers !

Jennifer : J’ai justement une question à propos de Cut and Run ! J’ai adoré la promotion que vous avez faite pour la chanson, en incluant de l’interaction avec certains de vos fans. D’ailleurs, tu es un bien meilleur danseur que moi ! Simuler les auditions pour un nouveau batteur était également une idée très créative, d’où vous est-elle venue ?

Isaac : Le concept pour la vidéo de Cut and Run nous est venu alors que nous venions de terminer la vidéo de Chokehold. Nous discutions avec le réalisateur, et Laurie a proposé que nous continuions l’histoire de la dernière vidéo. Dans celle-ci, j’avais laissé tomber le groupe pour assouvir mon rêve de devenir danseur, et Laurie avait besoin d’un nouveau batteur. C’était une idée un peu bête, mais qui a fini par devenir réalité, comme c’est souvent le cas avec nous !

Jennifer : Les fans ont eu un sacré coup de chaud ! [NDLR: Ils ont vraiment cru qu’Isaac avait quitté le groupe, comme annoncé par le groupe sur Instagram]

Isaac : J’avoue avoir été assez surpris par le nombre de personnes qui ont cru que c’était vrai ! J’imagine que ça dépend vraiment du pays d’origine des gens, et de leur compréhension de notre humour, et de l’humour anglais en général. Mais c’est comme ça que nous sommes !

Jennifer : C’est vrai ! Dans votre travail, il y a-t-il un artiste avec lequel vous aimeriez, ou auriez aimé collaborer ?

Isaac : Nous avons récemment été avec un rapper nommé Slowthai. Il est vraiment cool, et je pense que vous devriez jeter un œil à ce qu’il fait. Je voulais collaborer avec lui depuis un moment ; il a assisté à un de nos concerts, nous avons échangé nos numéros, puis nous nous sommes rendus au studio avec Laurie et lui.

Jennifer : En parlant de collaborations, vous avez réitéré votre travail avec un de vos premiers producteurs, Jolyon Thomas. Il avait notamment œuvré sur votre album Are You Satisfied?. Comment vous est venu ce choix, était-ce un désir de revenir aux sources avec un producteur originel, ou était-ce naturel ?

Isaac : Quand cela s’est fait, et que nous avons décidé de produire un nouvel album, nous sommes entrés en pleine discussion avec notre management et le label. Ceux-ci essayaient de nous dégoter des noms, tout en nommant plusieurs producteurs avec lesquels nous devrions, d’après eux, travailler. Et c’est à ce moment là qu’est venu le nom de Jolyon. Nous n’avions, à vrai dire, jamais pensé travailler de nouveau avec lui. À sa mention, je me suis tourné vers Laurie et lui ai dit que j’adorerais travailler de nouveau avec lui. Ce que nous avons fait ! Nous avons planifié une petite session, et avons fini par enregistrer deux chansons en deux jours, la magie a opéré ! [rires]

Jennifer : J’imagine que le processus s’est fait de manière assez naturelle ?

Isaac : Effectivement, tout s’est passé de manière très naturelle, et nous avons été très consciencieux durant tout le processus. Cela nous a pris un petit moment, mais c’était mis à bonne contribution.

Jennifer : Nous avons beaucoup de questions ! Concernant les thèmes que vous abordez dans vos albums, les deux premiers semblent être très empreints de politique, alors qu’aujourd’hui, vous avez changé de direction, et parlez plus de choses naturelles… D’émotions humaines, d’amour, de peur… Cela fait évidemment écho au nom de l’album, Acts of Love and Fear. Qu’est-ce qui vous a inspiré cet album ?

Isaac : Je pense qu’au vu de notre situation actuelle, où les projecteurs sont constamment braqués sur nous, beaucoup d’émotions se manifestent. Le titre Acts of Fear and Love vient de l’époque où j’étais au lycée. Un professeur nous avait mentionné, je ne sais plus trop à quel propos, que tout ce que nous faisions était « des gestes de peur et d’amour« . J’ai gardé cette phrase en tête pendant de longues années. J’étais à une session d’entraînement avec Laurie, et j’ai mentionné cela au détour d’une discussion. Il m’a instantanément répondu « Ça y est, c’est le nom de notre album !« . Je pense qu’une grande partie de nos chansons vient donc de là.

Jennifer : D’un point de vue visuel, c’est la première fois que vos visages font la couverture d’un album. Les précédents étaient habituellement dessinés par Laurie. On t’entend également plus chanter que sur les précédents. Est-ce que l’on pourrait s’imaginer que tu as pris confiance en toi ?

Isaac : Oui ! Absolument. C’est en fait un mélange de confiance en soi, mais aussi d’une volonté de notre part de ne plus se cacher derrière quoi que ce soit. C’est une question d’honnêteté, et une envie de mettre tout ce que nous avions sur le cœur à découvert. Et il nous a semblé que c’était le bon moment pour nous d’apparaître sur la couverture d’album, pour refléter cette envie.

Jennifer : Concernant l’aspect visuel de votre musique, lorsque l’on compare vos précédentes vidéos avec les plus récentes, dont Chokehold par exemple, vous semblez laisser une grande place à l’humour. C’est un moyen efficace de transmettre des messages au monde, et vous en faites également usage sur les réseaux sociaux. L’humour est-il important pour vous, pour aborder des messages forts et importants ?

Isaac : C’est définitivement le cas. D’une part, la majeure partie des sujets de nos chansons sont vraiment sérieux. Mais d’autre part, en tant que personnes, nous ne sommes pas aussi sérieux tout le temps. Il me semble qu’il est important que nous puissions également mettre une part de nos personnalités dans notre travail, et il me semble que les clips vidéo sont le meilleur moyen pour faire transparaître cela ! Laurie et moi adorons tourner des clips, presque autant que de composer et d’enregistrer de la musique. C’est tellement drôle, et il y a tant à faire ! Tu peux juste faire l’idiot hors du travail, et au final cela se ressent dans tes clips. La satisfaction est énorme. [rires]

Jennifer : À propos des sujets sérieux, vous avez tous deux été très impliqués dans des causes importantes. Particulièrement aux NME Awards l’année passée, lorsque vous avez pris part au mouvement Choose Love, qui vient en aide aux réfugiés. Vous avez été accompagnés d’autres artistes britanniques, et il est important d’avoir une discussion ouverte à ce sujet, au travers de la musique. J’aurais aimé avoir ton point de vue concernant la situation actuelle, que ce soit en France ou au Royaume-Uni.

Isaac : Je pense qu’il faut que nous jouions carte sur table. Je n’arrête pas de le répéter : si seulement, plutôt que d’avoir des gens aux opinions divergentes, nous pouvions nous asseoir à une table et avoir une discussion ouverte ensemble, de nombreuses problématiques pourraient être résolues. Je reste convaincu que les humains ont tout intérêt à être gentils envers les uns les autres, et un grand nombre de personnes ont oublié que nous sommes, en finalité, tous humains. Voir ces blocages aux frontières me révulse.

Jennifer : La musique peut, heureusement, aussi être positive. Est-ce que tu aurais des chansons que tu aimes, mais que tu écoutes en secret, une sorte de péché mignon ?

Isaac : Je n’ai aucun péché mignon ! Si j’aime une chanson, alors je l’aime, et je ne me sens aucunement coupable quant à la musique !

Jennifer : Dans votre chanson Magnolia, vous dites que 65% des maisons anglaises ont un mur de magnolias. Comment-vous est venue l’idée, ou la donnée ?

Isaac : En fait, dans la chanson, il est question de la couleur magnolia ! C’est une sorte de blanc cassé dans lequel beaucoup peignent un mur de leur maison ! Beaucoup de personnes hors de l’Angleterre ont du mal par rapport à cette donnée et pensent instinctivement aux fleurs. [rires]

Jennifer : Et bien, merci beaucoup pour ton temps, et bonne continuation !

Isaac : Merci à toi !

Dictaphone éteint, j’ai demandé à Isaac de dessiner sa plus belle représentation de la France. Il me répondra que Laurie est bien meilleur que lui pour dessiner. Je lui dis que je m’en doute, sachant que Laurie a dessiné plusieurs designs pour le groupe mais a également fait des expositions de son art. Isaac en rigolera et essayera de faire de son mieux comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Pour la petite anecdote, la pièce dans laquelle nous nous trouvions, était pleine d’affiches et de photos de montages, crées par des fans, de Kendji Girac. Isaac me demande qui est ce mec affiché partout et quel genre de musique il fait. Je lui explique donc que c’est un des gagnants de la version française du programme The Voice et que sa musique a des influences de gypsy pop. Je garderai sa réaction pour moi mais je peux vous dire que nous avons bien rigolé !

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2 Commentaires

Mr MO 19 septembre 2018 - 18 h 38 min

Bravo Jennifer! Tres chouette pour une premiere interview, j’espere que tu vas poursuivre sur cette voie! Tu as l’air faite pour cela!

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Jennifer 20 septembre 2018 - 9 h 49 min

Aww merci beaucoup, ça me fait plaisir ! J’espère aussi continuer sur cette voie là 🙂

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